Compagnie Hélène Marquié
2012 - 2013

Brouillon pour une lettre à D. B.

1999

Lettre pour ... Brouillon pour une lettre à ... Projet pour le brouillon d'une lettre à ... Danse pour celle qui "voulait qu'on l'aime et qu'on la laisse tranquille."
Danse pour Djuna Barnes.

Juste une lettre, un brouillon ; parce que la danse frôle et laisse se dérober, parce que la danse est sans trace et que "le silence prolonge l'expérience et lui donne, lorsqu'il finit par mourir, cette dignité qui est le propre de ce qu'on a effleuré, mais pas violé".

Fragments : Chaque mouvement d'une telle personne se réduira à l'image d'une expérience oubliée … Ses pensées étaient par elles-mêmes une forme de locomotion … Le don d'un abandon différé … Le visage d'une incurable qui, pourtant, n'eût pas encore été atteinte par sa maladie … La main plus âgée en quelque sorte et plus sage que le corps … Des mouvements légèrement arbitraires et en porte-à-faux, lents, gauches et pourtant gracieux … Certain déréglage qui l'immunisait contre sa propre chute Toujours elle semblait écouter l'écho de quelque remous dans le sang qui n'avait pas de siège connu … Djuna BARNES, Le Bois de la nuit.

Intervew pour Femmes artistes International octobre-décembre 2000 :

"Femmes artistes International : La force de l'écriture de Djuna Barnes vous a beaucoup inspirée. Vous lui avez consacré un solo à la fois étrange et douloureux où nous avons fortement ressenti le sentiment, le climat psychologique de l'exil intérieur.
Hélène Marquié : Je me sens proche de l'écriture de Djuna Barnes, du souffle qui la parcourt. J'y retrouve ma danse, avec ses ruptures, les entre-deux, les esquives, les frôlements du tragique et de la dérision. J'aime sa distance et son élégance. […] Ce n'est pas une chorégraphie sur un texte, elle ne raconte rien. Je la définirais comme une chorégraphie sur l'errance, errance de la mémoire, entre des états simultanés que l'on traverse, où l'on ne s'installe jamais, toujours au bord de la rupture. Errance qui invente ses espaces et invente celles qui errent. Toujours à distance. Je ne parvenais plus à me souvenir des textes ou des mots. J'ai laissé la sensation et la mémoire flotter, jouer dans la danse et travailler son émergence. Je l'ai laissée se dérouler, je l'ai suivie. Je suis devenue comme l'interprète d'un voyage que je n'ai pas écrit ou que j'ai oublié, et qui me laisse pourtant plus proche de ma danse que jamais.
La chorégraphie achevée, en reprenant les textes, un peu inquiète de mes trahisons possibles, j'ai découvert avec émerveillement nos échos, croisements, rencontres, que les gestes que je croyais être les miens, leur substance, étaient déjà inscrits – ou chorégraphiés – par une autre."

Extrait de presse :

« Brouillon pour une lettre à D.B. Nicht erst in diesem 30-minütigen Stück […] zeigte sich die Pariserin als faszinierendes Medium innerer Zustände und aüsserer Einflüsse. Ihr bildhaftes Minen – und Muskelspiel illustriert psychische und mentale Facetten (femininer und feministischer) Verfassungen. […] Die folgenden Stücke zeigten eine zwischen gymnastischer Grazie und Kampfsportgesten rangierenden Befreiungsakt, der im selbstironischen Sketch Camionneuse seinen Höhepunkt mit Bizepstraining und koketten Händen in den Taschen der Latzhose fand. Absolut fantastisch !
Kieler Nachrichten, 27. April 2004.

    • Chorégraphie et interprétation : Hélène Marquié
    • Musique : Eric Satie - Sister Rosetta Tharpe
    • Photo : Jean Gros-Abadie